Avant-gardistes, révolutionnaires, on peine quelquefois à épuiser le vocabulaire tant les motos MGC sont hors du commun et ne collent à aucun standard.
Il fallait bien un être doué d’une inventivité exceptionnelle pour les concevoir : Marcel Guiguet, le petit Isérois originaire de Corbelin avait été passionné de mécanique depuis sa tendre enfance. En 1918, à seulement 17 ans, il avait déjà conçu sa première moto et même lancé les plans d’un moteur dont il terminera la mise au point en 1920. De son côté, la marque MGC devrait encore un peu attendre. Elle ne verrait le jour que près de dix ans plus tard, en 1929. Marcel Guiguet et son frère Joseph se lanceraient alors pleinement dans l’aventure de la construction de motos. C’est là, dans cette petite société pleine d’idées et de projets qu’allaient naître les bolides de légende. Et si les MGC ne firent pas fait l’objet d’une grande diffusion, elles furent prisées autant en France qu’au-delà des frontières. Aujourd’hui, plus de 90 ans après leur invention, ces deux roues fascinent encore et restent parmi les plus prisées des amateurs de motos anciennes.
Le plein d’innovations techniques
La marque MGC a pour emblème la Cigogne de la célèbre « Escadrille des Cigognes » de la Première Guerre mondiale où Joseph-Henri Guiguet, le frère aîné de Marcel Guiguet, avait servi.
Outre ce logo, d’exception, MGC s’est fait d’emblée connaître par son réservoir en « Alpax » en fonte d’aluminium faisant office de tube de cadre. Le public découvrit la marque durant la Foire de Lyon de 1929, c’est là que fut en effet présentée la 500 MGC pour la première fois.
Inutile de dire que sa conception originale et son design unique en son genre y firent sensation. En effet, la 500 MGC n’a pas de cadre à proprement parler et c’est une première dans le monde des deux roues. À la place, l’ingénieux Marcel Guiguet a monté un réservoir ovoïde en aluminium moulé et un carter inférieur du même métal qui sert de réservoir d’huile. L’ensemble est relié par des tirants d’acier solide pour former l’ossature de la machine et soutenir le moteur.
Au titre de leur autres innovations notables, les MGC sont également équipées d’un freinage intégral commandé par câble. Preuve de leur avancée technologique sur leur temps, il faudra attendre pas moins de 50 ans pour voir ce système de freinage, en partie repris sur d’autres motos, celles de la marque Moto Guzzi.
Un moteur quatre cylindres inversés
En 1938, les ateliers MGC se sont penchés sur un moteur à quatre cylindres qui équipera une de ses motos, le N34, dont les cylindres sont inversés (la culasse se trouve en bas). Avec cette innovation originale qui a encore contribué à la renommée de la marque, la puissance est transmise par l’arbre à cames et non par le vilebrequin. En véritable challenger de l’innovation, Marcel Guiguet est décidément déterminé à ne rien faire de manière conventionnelle.
Face aux meilleurs inventions du monde, il existe pourtant une réalité imparable, celle du monde économique et de ses lois. Malgré une conception révolutionnaire et des idées novatrices, les MGC n’arriveront pas à se vendre en grand nombre. Le prix y est sans doute pour beaucoup. On ne peut produire de petites séries spéciales, aussi simplement que des grandes. A l’aube de la seconde guerre mondiale, le contexte n’aide pas non plus et l’ombre de la grande crise plane. Les ventes des MGC s’en ressentent : les motos seront écoulées à perte et ne connaîtront pas une grande diffusion. Malgré tous les efforts investis, la société ne décollera pas et Marcel Guiguet et Compagnie arrête toute diffusion en 1937. La dernière MGC a été produite en 1943. On trouve, encore aujourd’hui des exemplaires extrêmement bien conservés chez certains collectionneurs.